Verger oléicole

Le verger oléicole est constitué essentiellement de la variété population "Picholine Marocaine" qui représente plus de 90% des plantations. Le reste, soit 10%, est constitué de plusieurs variétés, en particulier : Picholine du Languedoc, Dahbia et Mesllala concentrées essentiellement en irrigué (Haouz, Tadla, El Kelaâ) et de quelques variétés espagnoles et italiennes (Picual, Frantoio, Manzanille, Gordal Sévillane, Arbéquine etc...).

A signaler que l’Etat, dans le cadre du Plan Maroc Vert, encourage la diversification du profil variétal à travers l’utilisation des variétés Haouzia et Menara.

Cinq nouvelles variétés de l’INRA ont été inscrites au catalogue officiel. Il s’agit des variétés Baraka, Mechkate, Agdal, Tassaoute et Dalia dont les deux dernières, sont en cours de multiplication chez les pépiniéristes en vue de leur diffusion auprès des agriculteurs.

En vue d’apprécier le niveau de production prévisionnelle des olives au titre de la campagne agricole 2023/24, une concertation avec les services des statistiques et de la filière végétale a été réalisé dans les principales régions oléicoles, représentant 95% du verger oléicole national en terme de production. Les 5% restant concerne les régions de Guelmime-Oued Noune, Draa Tafilalet et Grand Casablanca-Settat, leurs estimations ont été issues des données des régions limitrophes.

Ainsi, l’appréciation de la production prévisionnelle des olives au titre de la campagne agricole 2023/2024 montre que celle-ci sera en baisse de 1,2% soit 1,072 million de tonnes, contre 1,085 Million de tonnes en 2022/2023.

Cette baisse est due aux conditions climatiques défavorables, notamment le manque des précipitations, la baisse des réserves des barrages et le rabattement des niveaux piézométrique des nappes phréatiques.

Le stress hydrique a accentué l’effet des températures exceptionnelles et des vagues de chergui enregistrées durant les saisons du printemps et d’été.

Ces conditions ont impacté négativement le cycle cultural et l’état végétatif des oliveraies, impactant ainsi la floraison, la nouaison ainsi que le remplissage des fruits.

Globalement, la production nationale d’olive est acheminée à hauteur de 67 % à la trituration et 23 % à la conserverie, les 10 % restants, constituent les pertes et l’autoconsommation.

La trituration des olives se fait par un secteur moderne et semi-moderne composé de 948 unitésd’une capacité global de 1,8 Millions T/an avec une localisation à hauteur de 78 % au niveau de deux régions, Fés-Meknés (62%) et Marrakech-Safi (16 %).etun secteur traditionnel constitué d’environ 11.000 maâsras.

La conservation des olives est assurée par 75 unités modernes de conserverie des olives d’une capacité annuelle de 202.954 T/an avec une localisation à hauteur de 82% au niveau de deux régions, Marrakech-Safi (55 %) et Oriental (27 %) etpar de conserveries artisanales.

Les productions sont en moyenne 160.000 T/an d’huile d’olive et 130.000 T/an d’olives de tables issues des unités industrielles du secteur formel. Elles varient d’une campagne à l’autre en fonction de la production d’olive comme illustré dans le tableau ci-après :

Pour l’actuelle campagne 2022-2023, les prévisions du Conseil International Oléicole (COI) ont tablé sur une baisse de la production mondiale d’huile d’olive de 23 % par rapport à la campagne précédente. Soit une production estimée à 2,6 Mt.

À l’échelle européenne, les vagues de chaleur et les faibles précipitations ont entrainé des baisses de récoltes sur les principaux pays producteurs, à l’exception de la Grèce et de la Turquie. La production a été estimée, par le COI, à 1,7 Mt (2,3 Mt en 2021/2022), soit un retrait de 35 % par rapport à la campagne précédente. Dans le bassin occidental de l’Europe, l’Espagne et l’Italie ont estimé une baisse de production respective de plus de 70 % et 40 %, tandis que le Portugal évalue ses pertes à 20 %.

Dans un rapport de la Commission européenne de juillet 2023, il a été noté une baisse de la production d'huile d'olive dans l'UE, pour la saison 2022/23, de 40%. Cette baisse de production a entrainé une augmentation des prix et une baisse de la consommation en Europe (estimée à -16%). En revanche, les exportations de l'UE pourraient être légèrement supérieures à celles initialement prévu étant donné que les opérateurs s’orientent à remplacer une partie de la consommation en Europe par les exportations à un prix plus élevé vers d’autres marchés.

Aussi, dans le dernier rapport du COI de juillet 2023, il a été relevé une hausse importante des prix mensuels de l’huile d’olive. Le tableau suivant résume cette situation :

Coté échanges commerciaux de l’huile d’olive, il a été enregistré une légère diminution de la demande mondiale (- 7 %), les exportations ont baissé de 11 % et les stocks de clôture se resserrent sur un très bas niveau (- 86 %). Par conséquent les prix devraient afficher de nouvelles hausses en 2023.

Sur les principaux marchés mondiaux, les échanges commerciaux d’huile d’olive durant la campagne 2022/23 (octobre 2022 - avril 2023) montrent une augmentation de 8% au Brésil, de 3% au Canada et de 1% aux États-Unis par rapport à la même période de la campagne précédente. En revanche, les importations ont diminué de 3% en Australie, de 17% en Chine et de 12% au Japon.

En ce qui concerne les échanges de l’UE, jusqu’en mars de la campagne 2022/23, les achats intra-UE et les importations extra-UE ont diminué respectivement de 4 et de 16% par rapport à la même période de la campagne précédente.

S’agissant de la prochaine campagne 2023/24, les experts espagnols font état des dommages aux fleurs d'olivier en Andalousie, la plus grande région productrice du monde. Pour eux les pluies de l'automne serraient décisives.

L’agence indépendante espagnole d’information oléicole (Olimerca) (cité par des médias tunisiens), a estimé que les exportations de l’huile d’olive espagnole devraient être, durant la campagne 2023-2024, au niveau de 600.000 tonnes, soit 27% de moins que l’actuelle campagne. Habituellement, l’Espagne assure 40% de l’offre mondiale.

De même pour l’Italie, il ressort des analyses (cité par des médias tunisiens) que la production oléicole dans ce pays serait affectée à la fois par la sécheresse et les ravages de la bactérie « Xylella fastidiosa ».

Coté tunisien, les prévisions pour la prochaine campagne, 2023-2024 sont favorables. En effet, en plus des précipitations qui ont été enregistrées en quantités significatives, au mois de mai et début juin 2023, la production devrait bénéficier de l’alternance biennale de l’olivier.

Aussi, les projections du Département américain de l’agriculture (USDA) prévoit pour la Tunisie, un accroissement de la production à près de 250.000 tonnes contre 180.000 tonnes un an plus tôt.

La production d’huile d’olive est principalement destinée au marché intérieur (en moyenne 85%) et marquée par une prédominance du circuit informel. Cette situation engendre une concurrence déloyale pour les opérateurs opérant conformément aux réglementations en vigueur.

Quant aux olives de table, la majeure partie de la production issue des conserveries industrielles, environ 70 % est exportée. Le reste est écoulé au niveau du marché local.

L’activité traditionnelle de conserves d’olives est une pratique largement répandue au Maroc. Cependant, elle ne constitue pas un secteur structuré en unités repérables; il s’agit plutôt d’activités domestiques ou directement intégrées au commerce de détail. La production d’olives de table issues de ce secteur, peut atteindre 150.000 à 200.000 T en fonction des campagnes et représente la grande partie de la consommation des ménages marocains.

A signaler que la production d’olives de table se caractérise par une gamme diversifiée de produits : olives vertes, olives noires, olives tournantes, dénoyautées, confites, farcies, ...etc.

Les prix de l’huile d’olives vierge courante ont atteint en 2022/2023, 70 à 85 DH/litre, alors que durant les campagnes précédentes, ce prix oscillait entre 45 à 60 DH/litre.

Les exportations marocaines des produits de l’oléiculture (olives vertes, conserves d’olives et huile d’olive) s’élèvent, en moyenne durant la période 2018-2022, à 117,2 mille tonnes. Les conserves d’olive représentent 87,3% des quantités exportées suivis par l’huile d’olive avec 12,6%. Alors que les exportations moyennes des olives vertes sont insignifiantes, soit 105 tonnes en moyenne (moins de 0,1%).

En valeur, les exportations des produits de l’oléiculture se chiffrent à presque 2 milliards de DH (1,92 milliard de DH). Les conserves d’olives représentent 75,4% des exportations, l’huile d’olive 24,6% et les olives de table 0,1%.

L’évolution des exportations des produits de l'oléiculture est relatée dans les tableaux et graphique suivants :

Coté importation, le Maroc importe en moyenne 8146 tonne de produits d’oléiculture, dont 94% des huiles d’olive (7626 T) alors que l’importation des olives vertes est très limitée, soit 20 tonnes en moyenne. Le tableau suivant résume cette situation.